Tindouf : Alger tire sur des Sahraouis

A telle enseigne que le véhicule qui transportait Saleh Othmane Zini (un Toyota) a pris feu. Cet homme de 35 ans est mort sur le coup alors que son compagnon, Abdellah Houcine Ben Mahjoub, 54 ans, (de la tribu Rguibate Salam) a eu plus de chances puisqu’il s’en est sorti avec de graves brûlures pour lesquelles il est actuellement soigné, sous haute surveillance, dans un hôpital de la ville de Béchar.

Trois autres Sahraouis, embarqués à bord d’un autre véhicule (un Land Rover), avaient pris la fuite et leurs familles demeurent sans nouvelles d’eux, comme le déclare Mohamed Lamine Sallami, cousin de Abdellah Houcine Ben Mahjoub et qui avait réussi, il y a près d’un mois, à fausser compagnie au Polisario en rentrant au Maroc via la Mauritanie.

La victime, Saleh Othmane Zini, était âgée de 35 ans. Selon Mohamed Lamine Sallami, qui occupait le poste de directeur régional des affaires des martyrs, la victime est un parent de Mohamed Lamine Bouhali, «ministre de la défense» de la RASD. Dans le camp Laâyoune, où résidaient les cinq Sahraouis qui avaient essayé de fuir, les services de sécurité du Polisario, appuyés par la sécurité algérienne, ont renforcé le quadrillage des familles séquestrées pour parer à toute manifestation éventuelle de colère de la part des proches de Saleh Othmane Zini, apprend ALM de sources fiables à Tindouf et Laâyoune.

Selon plusieurs ralliés parmi les Sahraouis interrogés par notre journal, l’armée algérienne a renforcé ces derniers temps ses dispositifs pour contrôler les déplacements des Sahraouis. Ces mesures concernent, relève un rallié et ex-responsable du Polisario, les zones qui s’étendent de la localité dite Bouguerda (près de la frontière maroco-algérienne) à la localité dite Boubernouss où se rejoignent les frontières maliennes, algériennes et mauritaniennes.

Tout déplacement, précise une source associative des droits de l’Homme, nécessite un laisser-passer que tout Sahraoui se doit de remettre à l’armée algérienne. Les personnes dont les tentatives de fuite n’aboutissent pas sont soumises à de longs interrogatoires avant d’être emprisonnées dans des conditions inhumaines, affirme Ramdane Ould Messaoud, président de l’Association sahraouie de défense des droits de l’Homme (basée à Barcelone). «Parfois, ce sont des familles entières qui sont punies par les services de sécurité du Polisario si jamais une seule personne arrive à s’enfuir. Il arrive aussi que des punitions collectives soient décidées en guise de dissuasion», renchérit Mohamed Lamine Sallami.

Ramdane Ould Messaoud ajoute que ce n’est pas la première fois que de tels drames interviennent à l’occasion de tentatives de fuite de Sahraouis. Il rappelle que, l’année dernière, trois jeunes Sahraouis étaient tombés sous les balles de l’armée algérienne dont les éléments tirent sans compter.

Selon des sources sahraouies, des familles entières, incapables ou n’ayant pas les moyens de le faire, formulent le souhait de regagner le Maroc pour retrouver leur pays et leurs proches disséminés à travers plusieurs villes du Sud et mettre fin à des décennies de déchirement.

Les populations sahraouies, parquées à Tindouf, sont les seules au monde à être privées de l’exercice du libre choix et du droit au retour, garantis par toutes les conventions internationales en la matière. Tindouf est l’un des rares coins de la planète où le HCR (Haut commissariat aux réfugiés) peine à pleinement exercer ses missions : rapatrier ceux qui en formulent le désir, mais également recenser le nombre exact de ces populations, véritable poule aux oeufs d’or pour les mercenaires du Polisario.

Pour des réfugiés, comme les présente la propagande algéro-polisarienne, il s’agit d’une grave violation de tous les principes admis par la communauté internationale.

Mohamed Boudarham

Aujourdhui.ma

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