Sept individus tuent un SDF

C’est là que Mohamed, alias Abdou, aliéné mental, âgé de trente-sept ans, passait ses jours et ses nuits depuis qu’il a quitté la baraque de son frère aux Carrières Zaraba. Tout le monde le connaissait dans cette région, surtout qu’il n’hésitait pas à faire de scandale à chaque fois qu’il lui arrive une crise d’hystérie. Il criait, se bagarrait, attaquait les passants notamment les femmes et jetait les pierres sur les voitures. Il n’épargnait personne de celles qu’il croisait lorsqu’il est en crise. Tout le monde l’évitait. Car il était violent, cruel et agressif. Quant à son frère, il ne prenait pas soin de lui ni s’intéressait à lui. Il faisait semblant de ne pas le remarquer.

Cependant, les habitants et les riverains au quartier ne l’avaient pas vu depuis le jeudi 20 avril. Certes, au départ, personne ne s’était rendu compte de lui. Autrement dit, ils ne l’avaient pas remarqué surtout durant les deux premiers jours de sa disparition. Il lui arrivait de ne pas donner, parfois, signe de vie durant un ou deux jours. Personne ne savait au juste où il allait. Seulement, il réapparaissait par la suite pour commencer son tapage. Mais cette fois-ci, deux, trois, quatre jours se sont écoulés sans que Abdou ne donne signe de vie. Sa disparition a commencé à attirer l’intention des habitants. Où était-il allé ? Se trouvait-il encore sous sa tente de fortune installée au terrain vague ? Est-il malade ? Personne n’a pris la peine de le chercher. Qui s’intéresserait à un malade mental, qui ne faisait qu’attirer les ennuis, jour comme nuit et attaquait les habitants ? Et c’est ainsi que le cinquième jour, puis le sixième, se sont écoulés sans que personne ne se soucie de cette disparition.

En fait, plusieurs ont même poussé un grand ouf de soulagement. Abdou loin des parages signifiait plus de tranquillité pour les riverains. Néanmoins, lors du septième jour de la disparition de pauvre SDF, à savoir le jeudi 17 avril, deux jeunes ont pris l’initiative de se rendre au terrain vague afin de se rassurer que Abdou n’y était pas. Une surprise les attendait sur place. Le cadavre d’Abdou était étendu devant leurs regards entouré de rats. Ils n’ont pas cru leurs yeux. Son cadavre était en décomposition avancée, le visage mutilé, le bras gauche et les doigts de ses deux pieds étaient arrachés. Ils ont quitté les lieux en vomissant. Alertés, les éléments de la police du district de Hay Mohammedi-Aïn Sebaâ se sont dépêchés sur les lieux. Ils ont été suivis par le médecin légiste. Après que le corps ait été évacué vers la morgue pour être soumis à l’autopsie, les limiers de Hay Mohammedi ont diligenté une enquête pour au moins recueillir les premiers éléments nécessaires pour arriver à un résultat.

Entre-temps, le rapport du médecin légiste est mis sur le bureau du chef du district concluant que la mort n’était pas naturelle, qu’elle était causée par une hémorragie interne. Le rapport a signalé également que le cadavre présentait une blessure au niveau de la tête. Ce qui prouve que Abdou a rendu l’âme suite à un acte criminel. Qui l’a commis ? C’est la question qui a longtemps préoccupé les limiers du district de Hay Mohammedi. Ces derniers se sont penchés sur la recherche du (ou des) mis en cause. Il leur suffisait moins d’une semaine après la mise du rapport du médecin légiste entre leurs mains pour tirer l’affaire au clair. Ils ont découvert que le jeudi 20 avril, quand Abdou a été attaqué d’une crise d’hystérie, ce dernier a saisi, vers minuit, un bâton et un tuyau et s’est dirigé vers quelques jeunes qui conversaient entre eux, pas loin du quartier. Quand il les a injuriés et a tenté de les violenter, ils l’ont attaqué avec violence. Ils l’ont mis à terre et l’ont frappé par le bâton qu’il portait et avec une ceinture jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Quand il l’a reprise, il s’est levé pour traîner ses pas jusqu’à sa tente de fortune. Souffrant de ses blessures, il a rendu l’âme quelque temps par la suite. Les enquêteurs ont arrêté sept jeunes impliqués dans cette affaire et les ont mis, mardi dernier, entre les mains de la justice à la Cour d’appel de Casablanca.

Par : Abderrafii ALOUMLIKI

Aujourdhui.ma

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