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Sens du pardon Royal

Alors que l’opinion publique, atterrée, ahurie et scandalisée, imaginait autrement les retombées de la calomnie perpétrée à l’endroit du Souverain, voilà que la décision Royale surprend à la fois la corporation des journalistes et l’opinion publique. Elle procède d’une grande noblesse et du souci aussi de cohésion de la famille de la presse déchirée dans ses contradictions, peu encline à apprécier l’exacte mesure de son exercice et à respecter les fameux «border line»…

Par le biais d’un article fielleux, publié dans les éditions de mardi sur les colonnes du même journal concernant le forage de pétrole à Talsint, le quotidien a cru dénicher le scoop.
Mais ce serait se méprendre sur les véritables motivations que de prendre pour « simple erreur » un montage en première page – étalé sur 8 colonnes – d’une manchette et d’un sujet comme on dit «gonflé» démesurément.

Car «l’erreur», même humaine, ne frappe pas d’effroi seulement le Souverain mais le peuple, elle le glace et le vise dans ses valeurs sacrées et ses croyances. Autant dire que la responsabilité – des auteurs de l’article s’entend – reste plus lourde qu’une dérisoire et aveugle exaltation de liberté…

La décision Royale surprend, en effet, par sa mansuétude et une sagesse à nulle autre pareille. Elle est cependant dans l’ordre des choses, c’est-à-dire inhérente à la culture personnelle de S.M. le Roi.

Aussi, la lettre du conseiller Royal , si elle déplore une absence rédhibitoire de déontologie et l’irrespect des règles régissant la profession de journaliste, marqué surtout par un comportement délibérément diffamatoire, insiste-t-elle en revanche sur la volonté de S.M. le Roi de soutenir l’activité de la presse professionnelle et responsable, exerçant dans le cadre de la primauté de la loi et du respect des citoyens. Elle met en perspective la vision Royale de transcender les difficultés ou les incidents – fussent-ils aussi graves et démentiels – pour favoriser ce que ceux-ci peuvent encore receler de positif.

Le Souverain a choisi le pardon et, ce n’est pas sacrifier à l’emphase, en disant que le pardon Royal a valeur de leçon, que la courtoisie Royale balaye encore vulgate et grossièreté, que la générosité est affaire de grandeur d’âme et d’éducation et, a contrario, que la vulgarité est la marque des ingrats.

Il faut se féliciter de l’unanimité des réactions, exprimées à tous les niveaux, sur les violations flagrantes de la déontologie et l’absence de professionnalisme qui entache cette affaire et, surtout, pour saluer la clémence et la mesure – sans précédent en pareil cas – avec lesquelles S.M. le Roi Mohammed VI a réagi devant une telle imposture.

Encore une fois, nous ne saurions que mieux rappeler cette parole de Lacordaire selon laquelle «c’est la liberté qui opprime et la loi qui libère » ! A vouloir se situer au-dessus de la loi, à trop vouloir la défier et la bafouer, c’est notre liberté que nous détruisons. Car l’éthique professionnelle ne consiste pas seulement à donner l’information vraie, mais à recouper et à vérifier si vraiment elle est vraie.

Ce qui revient à exiger que les articles de fond aient vraiment du fond et que les nouvelles douteuses ou fausses ne soient nullement et jamais présentées aux lecteurs comme des nouvelles vraies…

Hassan Alaoui
LE MATIN

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