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Nicolas Sarkozy pose les jalons de l’Union méditerranéenne à Tanger

Pour retrouver une telle vibration, il faut remonter aux années 80 quand le président socialiste François Mitterrand effectuait ses premiers voyages au Maroc alors qu’il entretenait des relations conflictuelles avec Feu le Roi Hassan II. Sans aller jusqu’à une comparaison inexistante, Nicolas Sarkozy et Sa Majesté le Roi Mohammed VI «se connaissent bien, le président a pour Sa Majesté le Roi beaucoup d’estime et de respect» pour reprendre l’expression du porte-parole de l’Elysée David Martinon, force est de constater que Nicolas Sarkozy arrive au Maroc dans une vraie atmosphère de rupture alimentée par la polémique autour de l’annulation de l’étape marocaine de sa tournée maghrébine de juillet dernier. Fort d’une élection triomphante, Nicolas Sarkozy voulait papillonner sur les capitales du Maghreb avec une rapidité de mauvais goût que déclina, avec diplomatie, le Maroc. Le président français dut se contenter d’une visite éclair qu’il commença par Alger et termina le soir même à Tunis. De cette période date le début d’un débat sourd sur la fameuse « politique maghrébine» du nouveau président français.
Comment allait-il traduire dans les faits cette éclatante promesse électorale sur la manière de réécrire les liens qui unissent la France avec les pays du Maghreb et de rompre avec l’ère Chirac, dite avec l’éloquence d’un candidat prometteur : «Il nous faut les débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent (…) Il faut définitivement tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguïtés, notamment avec nos partenaires africains et arabes (…) Nous ne devons pas non plus nous contenter de la seule personnalisation de nos relations». Cette phrase conjuguée aux multiples lobbyings que les capitales du Maghreb avaient déployés sur la place de Paris avait suffi pour alimenter les rumeurs sur un possible changement de stratégie de la France de Nicolas Sarkozy à l’égard des enjeux qui mobilisent les énergies au Maghreb. Les premières déclarations sur l’affaire du Sahara furent donc scrutées avec la plus grande attention. La dernière en date fut révélatrice d’une permanence dans l’approche française. Le porte-parole de l’Elysée fut sans ambages : «Nous souhaitons que les négociations engagées, en juin et en août dernier à Manhasset, se poursuivent afin de parvenir à une solution qui soit à la fois politiquement juste, durable et acceptée par l’ensemble des parties».
Cette position fait écho à celle exprimée par le président Sarkozy à Tunis en juillet dernier lorsque, acculé par les journalistes pour s’exprimer sur un possible virage stratégique sur la question, dut apporter ces clarifications : «Sur le fond, il n’y a pas de changement de la position de la France sur la question du Sahara. Je l’ai d’ailleurs dit à M. Bouteflika. Il n’ y a pas de changement (…) La politique de la France sur une question pareille ne se fait pas en fonction de la date d’un voyage. Je vous le dis de la façon la plus claire». Mais le voyage de Nicolas Sarkozy est historique pour d’autres raisons. Son discours de Tanger sur l’Union méditerranéenne est attendu comme un tournant significatif, avec grand intérêt par l’ensemble des pays de la région. Que Nicolas Sarkozy ait choisi Tanger pour dévoiler le socle de sa politique méditerranéenne en dit long sur la capacité amplificatrice du message méditerranéen prêté au Maroc. Le concept de l’Union méditerranéenne basée autour « l’idée de créer un espace de solidarité et de coopération dont les piliers seront l’environnement, le dialogue des cultures, la croissance économique et la sécurité » a besoin, pour augmenter son indice de crédibilité, d’un grand travail de pédagogie et d’explication. Et l’on s’attend à ce que Nicolas Sarkozy investisse autant de vitalité et d’énergie que celles qu’il avait mises à contribution pour sortir l’Union Européenne de son impasse en arrachant au forceps un consensus sur le traité simplifié.

Mustapha Tossa
DNCP à Paris

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