Manhasset II installe définitivement l’Initiative de l’autonomie comme l’unique

En effet, le climat était un peu tendu, cette fois-ci, à New York où les parties concernées se sont réunies, les 10 et 11 août, sous les auspices de l’ONU pour continuer les négociations entamées le 18 juin dernier.

Même endroit, mêmes procédures – puisque les règles du jeu sont définies par l’ONU – et les mêmes participants à savoir le Maroc, le Polisario, l’Algérie, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Espagne, la Russie, l’Algérie et la Mauritanie. Sauf un changement au niveau de la délégation marocaine marquée par l’absence de Fouad Ali El Himma, qui vient de démissionner de son poste de ministre délégué à l’Intérieur et de El Mostapha Sahel, ambassadeur du Maroc à l’ONU. L’équipe marocaine se caractérise ainsi par une parité entre les Marocains du Nord ceux des provinces du Sud.

Mais, si du côté marocain, les règles et les principes généraux définis par le Conseil de sécurité de l’ONU comme feuille de conduite des négociations, il n’en sera pas de même pour le Polisario notamment en ce qui concerne les déclarations à la presse jugées provocatrices par la partie marocaine. En plus, le Polisario a maintenu une position figée et ne démontrant aucune preuve de bonne volonté.

Le ministre de l’Intérieur et chef de la délégation marocaine, Chakib Benmoussa, ne manquera pas de le mentionner lors de la conférence de presse tenue à l’issue du deuxième round.

«Après deux jours de négociations, le Royaume du Maroc ne peut qu’exprimer ses regrets du fait que l’autre partie n’ait pas saisi l’opportunité offerte par ce deuxième round pour réaliser des progrès dans le processus de recherche d’une solution politique à ce conflit», a-t-il indiqué. Le chef de la délégation marocaine a également révélé que «la position de l’autre partie est demeurée figée et attachée à des plans et propositions dont l’inapplicabilité a été démontrée, et que ses déclarations à la presse avant et au cours du deuxième round ont été marquées par l’injure et la provocation, dans une violation flagrante de ce qui avait été convenu avec l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies». Toutefois, et malgré cette violation des règles du jeu de la part de la partie polisarienne, le Maroc restera attaché au principe du dialogue et à la bonne volonté dans la recherche d’un accord sur l’autonomie comme solution définitive au conflit du Sahara.

Le ministre a ainsi réitéré l’engagement du Maroc à «coopérer avec bonne foi et une volonté sincère avec la communauté internationale pour clore définitivement ce dossier et épargner à la région du Maghreb arabe toutes les causes de la tension et de la division». Le Royaume a annoncé par la même occasion sa disposition à participer à un nouveau round de négociations dans un lieu et à une date qui seront arrêtés, en concertation avec l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies. Il est désormais clair qu’il faudra beaucoup de temps pour affiner les termes d’un accord entre les deux parties. Surtout, si l’on prend en considération le fait que le Maroc n’a pas en face un intervenant autonome capable de prendre une décision au moment voulu. Le Polisario ne peut prendre de décision sans en référer à l’Algérie.

À Manhasset I, c’était déjà évident. À Manhasset II, c’était flagrant. Mais, cette situation risque de retarder voire bloquer le processus de négociations. Passer par Alger, à un moment où le pouvoir algérien se trouve dans une situation presque de vacance du pouvoir avec la maladie du président Bouteflika, ne permet pas d’avancer rapidement étant donné que la direction du Polisario se trouve dans une situation où elle ne peut prendre de décision en toute indépendance et, au même temps, ne peut pas se permettre de faire patienter davantage la population de Tindouf qui s’intéresse beaucoup à la proposition marocaine.

Cela était évident à Manhasset malgré les tentatives maladroites de Brahim Ghali, membre de la délégation du Polisario, qui a essayé de cacher, à travers des sorties médiatiques hasardeuses avant, durant et après les négociations, cette volonté d’avancer sur la question de l’autonomie et de négocier sur le fond de la proposition marocaine. L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU et chargé de la médiation dans ces négociations a révélé lors d’un point de presse tenu samedi à l’issue du deuxième round, que les deux parties ont parlé de problématiques spécifiques comme les ressources naturelles et l’administration locale.

Or, parler de la gestion des ressources et de la bonne gouvernance locales n’est-il pas le début de toute négociation sur un statut d’autonomie ? En tout cas, les observateurs estiment que Manhasset II a installé les bases du dialogue et qu’il faudra encore plusieurs rounds pour avancer sur la question. En attendant le prochain rendez-vous, les observateurs demeurent optimistes quant à une évolution positive du processus.

Chakib Benmoussa : «L’autonomie, une opportunité historique pour le règlement de la question du Sahara»

Le ministre de l’Intérieur, Chakib Benmoussa, a affirmé samedi que l’Initiative marocaine d’autonomie offre «une opportunité historique » pour le règlement définitif de la question du Sahara.

Dans une déclaration à la presse à Manhasset, banlieue de New York, à l’issue du deuxième round de négociations sur le Sahara (10-11 août), M. Benmoussa a souligné que cette initiative constitue «un grand pas en avant», rappelant qu’elle a été qualifiée de sérieuse et positive par la communauté internationale.

Il a, toutefois, regretté que les positions des autres parties n’aient pas évolué d’un iota lors de ce round. «Nous demeurons néanmoins optimistes quant au prochain round», a dit M. Benmoussa, soulignant que le chemin des négociations «sera long». Les positions de l’autre partie renvoient aux anciens plans considérés par la communauté internationale comme étant inapplicables, a poursuivi le ministre, soulignant que l’initiative d’autonomie permet de parvenir à des solutions qui servent les intérêts des habitants de la région et garantissent la paix, la stabilité et l’intégration du Maghreb. Concernant le prochain round des négociations, il a indiqué que des contacts seront entrepris pour convenir du lieu et de la date de la prochaine rencontre.

Peter Van Walsum : «Les parties reconnaissent que le statu quo actuel est inacceptable»

L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Peter Van Walsum, a affirmé samedi que les parties ont reconnu que le statu quo actuel est « inacceptable » et convenu d’un nouveau round de négociations sur la question du Sahara. Dans un communiqué rendu public à l’issue du deuxième round, tenu les 10 et 11 août à Manhasset, banlieue de New York, sous les auspices des Nations Unies, M. Van Walsum a souligné que les parties se sont engagées « à poursuivre ces négociations de bonne foi », précisant que «des consultations appropriées seront conclues sur la date et le lieu du round à venir». «Je suis heureux que nous ayons pu mener des négociations de fond au cours desquelles les parties ont interagi l’une avec l’autre et ont exprimé leurs vues», a-t-il dit, ajoutant qu’un débat a eu lieu au sujet de la mise en oeuvre de la résolution 1754 du Conseil de sécurité. Lors de ces négociations et sur l’initiative de M. Van Walsum, des experts des Nations Unies ont présenté aux parties des exposés sur des problématiques spécifiques comme les ressources naturelles et l’administration locale, poursuit le communiqué, relevant que des mesures de confiance ont également été proposées pour discussion. Ce deuxième round s’est déroulé avec la participation des représentants du Maroc et du polisario «pour continuer leurs négociations, sous les auspices du secrétaire général de l’ONU et conformément à la résolution 1754 du 30 avril 2007 du Conseil de sécurité de l’ONU», ajoute le communiqué.

Omar DAHBI

Aujourdhui.ma

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