L’Union africaine refuse d’écouter l’Algérie sur le Sahara

Cependant, l’absence de consensus, une certaine lassitude, le fait aussi que la question du Sahara est désormais entre les mains du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, présent également à Banjul, bref, l’inactualité d’un dossier réglé dans sa substance, ont convaincu les délégations africaines de ne point l’aborder.

Alpha Oumar Konaré, président de la Commission de l’Union africaine, qui a soumis mercredi dernier un rapport sur la question aux ministres des Affaires étrangères, a exprimé son désappointement en ces termes : «Nous avons besoin, a-t-il affirmé, de sincérité en Afrique pour trouver une solution à cette question (…) qui n’a pas été abordée au Sommet.» Le problème n’est pas tant celui de la sincérité que de l’aptitude.

Ce qui nous impose une série de remarques : la première consiste à relever que l’Union africaine, dans la splendeur de son unité de façade, est-elle habilitée à traiter d’une question qui concerne le Royaume du Maroc alors que ce dernier n’en fait pas partie ?

Effectivement, pour paraphraser M. Konaré, il y va de la sincérité d’une démarche qui, a priori, procède par l’absence de la partie la plus concernée, à savoir le Maroc, et s’inspire ni plus ni moins d’un arbitraire unilatéralisme pour ne pas dire de la pure mauvaise foi. En second lieu, la majorité des responsables africains, y compris algériens qui, dans cette affaire, montent sur leurs ergots depuis trente-cinq ans, se sont inclinés à l’idée que ce sont désormais les Nations unies qui restent saisies du dossier du Sahara.

Enfin, une logique rejoignant l’autre, la manière dont le président de la Commission de l’Union africaine a présenté son rapport, que l’on dit dans les coulisse du Sommet rédigé par le délégué algérien , membre du secrétariat de la même instance, aura procédé, c’est le moins que l’on puisse dire, par un grave manquement à l’objectivité et à l’impartialité. Tant et si bien que la majorité des délégués y ont perçu ni plus ni moins qu’une manœuvre dilatoire, inspirée par des calculs sordides, au mieux très proche – et pour cause ! – des thèses du gouvernement algérien, au pire falsifiant la réalité historique et hostile au Maroc.

Ils l’ont dénoncée vigoureusement et un débat houleux s’est alors engagé, preuve s’il en est que, lors même que le Maroc est absent de l’organisation panafricaine, la justice et la vérité y prévalent par une rédhibitoire volonté de plusieurs Etats membres. Et comment, au demeurant, la version algérienne eut-elle facilement emporté l’adhésion des chefs d’Etat alors que le même président de la Commission n’a fait aucune allusion au plan de règlement proposé par le Royaume du Maroc, sur la base d’une solution politique consensuelle et préconisant l’autonomie régionale, que l’Onu et la communauté internationale soutiennent mordicus ? Deux graves moments de vérité se sont présentés : d’une part au niveau des ministres des Affaires étrangères, interpellés par un rapport tendancieux, éculé à l’envi, transpirant la manœuvre, qu’ils ont rejeté catégoriquement, brisant ainsi la sordide magouille des délégués algériens qui espéraient le soumettre comme document final à l’assentiment inconditionnel des chefs d’Etat. D’autre part, lors de la réunion de ces derniers, la lucidité et la sagesse ayant en définitive prévalu pour ne pas y voir le relent d’un sempiternel anti-marocanisme !

Une telle situation nous renvoie des années en arrière, à ces sommets rocambolesques de l’ancienne OUA où, d’une campagne de pressions à des tractations sonnantes et trébuchantes, les délégués algériens se transformaient en véritables cerbères, traçaient la feuille de route d’un certain Edem Kodjo, à l’époque secrétaire général de l’organisation panafricaine, monnayaient leur soutien, distribuaient les pétrodollars à tire-larigot au nom d’un tiers-mondisme vécu auparavant comme une mystique, transformé ensuite en politique d’Etat avant de finir en une cuisine dérisoire.

Le Sommet de Banjul n’a pas échappé, loin s’en faut, à cette tentation où les délégués algériens se sont efforcés de manipuler les uns et les autres pour leur imposer un texte anachronique, en l’occurrence ce qui reste du plan Baker, relégué aux calendes grecques il y a déjà quatre ans par le Conseil de sécurité des Nations unies. M. Alpha Oumar Konaré, tout à sa volonté affichée de faire plaisir aux dirigeants algériens, ne peut en revanche réécrire l’histoire du Maroc à sa façon : les deux paragraphes, rédigés en sous-main par un stipendié de l’Algérie, apocryphes et inspirés de la pire manœuvre, ne peuvent tout au plus convaincre que ceux qui croient encore aux extravagances algériennes.

Hassan Alaoui

LE MATIN

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