Le transport maritime totalement libéralisé d’ici juillet 2007

A cela s’ajoute le fait selon lequel la position du Maroc sur le marché international sera de plus en plus tributaire de l’état du secteur du transport maritime, sur la capacité de la flotte nationale à desservir tous les marchés du monde, la qualité des ports du Royaume et des moyens d’acheminement. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le challenge risque de ne pas être aisé, tant il est vrai que le secteur reste régi par des disparités autrement plus intenables.

Les talons d’Achille qui se sont amplifiés au cours des dernières années ont fait en sorte que le secteur a fini par entamer un net déclin.

Outre une réduction de son nombre (pas plus d’une quarantaine), la flotte souffre actuellement d’une vétusté criarde engendrant un manque de compétitivité qui accentue sa dépendance à l’égard des fluctuations internationales du taux de fret et la met en porte-à-faux avec la réglementation internationale. Au passage à signaler que, sur ce registre, la moyenne d’âge des navires marocains s’établit en 2005 à 20,6 années, contre 13,7 ans pour la flotte mondiale.

Désavantagés par leur taille dans un secteur fortement capitalistique, les compagnies de transport maritime marocaines restent également handicapées par la hausse des cours des hydrocarbures et par les tarifs d’assurance exorbitants face à de grands groupes internationaux disposant d’une importante capacité de négociation avec les fournisseurs de pétrole et les assureurs. De plus en plus, les compagnies maritimes ressentent toutes les peines du monde à dégager le cash-flow nécessaire à l’autofinancement de leurs flottes.

Parmi les goulots d’étranglement, on citera la faible rentabilité des opérateurs du secteur (double poids des dotations d’amortissement, des intérêts financiers et des charges locatives) ainsi que le niveau d’endettement élevé en raison de l’importance des investissements à réaliser pour moderniser la flotte face à l’insuffisance des fonds propres.

Tout cela pour dire en définitive que le processus de libéralisation du secteur exige que l’on mette le turbo sur une mise à niveau plurielle. La parade devrait consister en une libéralisation progressive du secteur à travers la suppression des attributions bilatérales de lignes régulières. Cette ouverture devrait inscrire le développement portuaire dans une logique de ports Hub afin de désengorger les points de transits traditionnels en tenant compte de la forte sensibilité du trafic aux coûts de passage des navires et des cargaisons.

Outre à la mise en place d’un système de transport maritime à faible coût, cette démarche gagnerait à être relayée par la suppression des barrières à la concurrence dans tous les domaines relatifs au fret. L’amélioration de la productivité de toute la chaîne logistique caractérisant le transport maritime et la définition du rôle régulateur de l’administration dans un cadre transparent et équitable sont des mesures prioritaires à mettre en application. La faible culture maritime et l’insuffisance patente des formations locales fragilisent encore davantage les chances du Maroc de se frayer une place dans le monde du transport maritime international.

Par conséquent, l’enseignement maritime doit être revu et adapté aux nouvelles pratiques et technologies en vigueur.

Eu égard à la taille des investissements privés nécessaires pour le renforcement du pavillon, l’Etat devrait à nouveau instaurer des mesures fiscales incitatives pour encourager les opérateurs à s’engager dans ce genre d’opérations. Signalons que sous l’effet des encouragements accordés au début des années 70 par le Code des investissements, le secteur des transports maritimes au Maroc a connu un développement sans précédent que retranscrit l’élargissement de la flotte nationale.

Celle-ci est passée, en effet, de 20 navires en 1973 à 66 au début des années 80. Après la suppression de ces mesures incitatives, le secteur a entamé une phase de déclin se matérialisant par la réduction de la flotte à 43 navires. Il est jugé nécessaire de donner le feu vert aux armateurs locaux pour contracter des polices d’assurance auprès de compagnies étrangères aux tarifs compétitifs.

Abdelali Boukhalef | LE MATIN

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