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Le sens d’une marche

Jamais les terroristes, quand bien même il se revendiqueraient de la résistance ou de la religion n’auront le dernier mot. Des milliers de Marocains qui se sentent blessés, trahis et injustement pris pour cible dans cette infamie qui, hélas, se commet au nom des plus nobles des appartenances, la patrie et la religion, ont répondu présents et se sont mobilisés, par ces jours sacrés, pour rejeter le diktat d’une horde de nervis.
Or, ce sont ces mêmes milliers de Marocains qui ont défilé, sillonné les artères des villes marocaines et crié haut et fort leur indignation en signe de solidarité avec le peuple irakien. Avec la même indignation, la même douleur et la même révolte qui les secouent, aujourd’hui, jusqu’au fin fond de leur être. Le seul peuple arabo-musulman à marcher, lors de la première guerre américaine, en 1991, contre l’Irak était le peuple marocain. Ce sont ces mêmes milliers de Marocains, toutes tendances confondues, qui se sont, encore une fois levés contre l’invasion américaine de l’Irak en 2003. Au moment où seul le silence assourdissant faisait écho à la peur et l’attentisme dans les capitales du monde arabo-musulman, seule une voix, courageuse, humaine et profondément sincère a su briser la loi du silence. Et elle était marocaine. Simplement marocaine, car simplement humaine. Avec la même indignation, la même douleur et la même révolte… Maintenant, les barbares punissent ce même peuple courageux dont on est fier. Voici venu le temps des assassins. En s’en prenant à deux diplomates marocains, depuis longtemps résidents dans la pays de l’Euphrate à en devenir des citoyens, les terroristes attaquent des innocents, et ciblent, en définitive tout un peuple. C’est le sens, le seul d’ailleurs que nous donnons à l’enlèvement de nos concitoyens. Comble de paradoxe inhumain : on reproche au Maroc et aux Marocains de soutenir encore, l’ennemi américain. Les Marocains ne sont pas dupes, le monde entier aussi. Car, ce ne sont pas autant les sentiments patriotiques ou de résistance qui animent les bouchers de Bagdad, que leur soif du sang. On découvre à notre corps défendant, que même les sanguinaires-nés, ont un tribunal. On découvre, ahuris, que même l’horreur a sa propre cour. Aveugle, sourde, insensible et surtout parodique. Au nom de la sacro sainte “mahkama chariya”, deux innocents, deux autres en plus, sont condamnés à mort.
On retrouve, dans les soi-disant attendus du verdict, les mêmes références takfiristes, la même littérature de haine et d’excommunication déjà révélée par les attentats terroristes du 16 mai. Oui, le rapt est la continuation, dans le désert navrant de l’après-chaos, régnant actuellement en Irak, de l’ignominie qui a endeuillé le pays ce vendredi noir. Oui, la logique est identique, l’objectif également : la terreur et le sang. Oui, le parallélisme, n’est guère fortuit ici, les religieux marocains ; nos imams, nos hommes de foi et nos simples citoyens le savent et le condamnent.
Casablanca 2003, Casablanca 2005. Le Maroc demeure dans le point de mire, seul change l’arme et le lieu du crime. On s’en souvient encore, le nom de Abou Moussaab Al Zarkaoui figurait déjà dans les procès des commanditaires et les funestes bailleurs de fonds des actes terroristes qui ont frappé le Maroc. Disons-le donc, clairement : on gardera l’espoir, sans illusion aucune, que la raison ou du moins ce qui en reste chez les ravisseurs prenne le dessus. Que cette imposante marche, ce fleuve humain ravivera leur mémoire, et rappellera à toute la planète que le Maroc, qui combat encore pour parachever son intégrité territoriale, connaît mieux que quiconque le sens de la lutte pour l’émancipation et la souveraineté. Qu’il était toujours au côté des peuples, notamment le peuple iraqien, dans leur quête de la dignité et de la liberté . Mais, si le malheur, comme il semble écrit dans la logique des faits jusqu’à nos jours, survient, le Maroc et les Marocains sauront faire le deuil dans la dignité et le recueillement. Fièrement, fermement. La pensée de toute une nation va aux victimes de l’enlèvement, à leurs parents et proches, et se souviendra toujours de la douleur des mères et des femmes et enfants meurtris. Ces hommes et femmes, de tendances parfois contradictoires sont venus pour que seul gagne le sens du patriotisme et de la communion. Dans la douleur certes, mais dans l’amour de la patrie surtout.

Omar Rifi
07 Novembre 2005
source : Lagazettedumaroc

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