Le rapport de Ban Ki-moon conforte la solution politique au Sahara

C’est peu dire en effet que le monde entier en sait quelque chose ! Si nouveauté il y a, c’est désormais le fait que le secrétaire général des Nations unies, usant de la litote, en souligne la réalité avec les mots idoines et les finasseries d’usage. C’est peu dire encore que le gouvernement algérien «accueille favorablement le rapport de M. Ban Ki-moon» qui propose les «négociations directes sous les auspices de l’ONU entre les deux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le polisario, afin de parvenir à une solution politique». Une lecture critique, politiquement s’entend, s’impose au regard à la fois du rapport en question et du commentaire qui en est fait à Alger.

Si tant est que l’on puisse croire à une évolution du langage, au pas franchi vers le terme de «solution politique», le rapport du secrétaire général de l’ONU souligne un principe irréfragable, non réductible, dirions-nous, selon lequel «aucune solution ne pourrait être imposée à la question du Sahara», précisant au demeurant qu’il n’existe que «deux solutions au problème : une prolongation à l’infini de l’impasse ou des négociations sans conditions préalables entre les parties en vue de trouver une solution politiquement acceptable».

À ce niveau de l’analyse, il importe de rappeler que si «prolongation à l’infini de l’impasse existe», elle ne saurait être imputée qu’aux gouvernements algériens qui se sont succédé et qui n’ont cessé de souffler le chaud et le froid sur une affaire montée de toutes pièces relative à un territoire marocain décolonisé déjà en 1975 et rétrocédé au Maroc sous l’égide des Nations unies par un accord dûment entériné par l’Assemblée générale.

Quant à la solution politique préconisée par le Conseil de sécurité, sur la base des conclusions résultant des visites successives des envoyés spéciaux du secrétaire général de l’ONU au Sahara, c’est encore le Royaume du Maroc qui en a pris l’initiative.

La communauté internationale continue d’en prendre acte, consciente à la fois des menaces persistantes d’une impasse perdurée et, de l’autre côté, de la bonne et sincère disposition de notre pays de respecter la légalité en se conformant aux résolutions pertinentes des Nations unies.

Il reste que les caprices du gouvernement algérien, enclin à biseauter les chances d’une solution définitive, habitué depuis plus de trente ans maintenant à dire aujourd’hui une chose et demain son contraire, à manipuler et à soudoyer même les uns et les autres, ne changeront rien – nous disons rien – à la volonté du Maroc de s’en tenir à la loi et aux dispositions de l’ONU, ni infléchir son attachement irréductible à ses populations du Sahara et à ses territoires.

Les dirigeants algériens – notamment ceux qui tracent à leur manière les contours de l’affaire du Sahara – appartiennent pour beaucoup d’entre eux à la génération des années soixante.

Ils savent en leur for intérieur que le « Sahara occidental » n’a jamais été autre chose qu’un territoire marocain, qu’au moment de sa colonisation par l’Espagne au début du siècle dernier, non seulement il n’était pas « terra nullius » mais proclamait haut et fort sa marocanité.

Lorsqu’ils avaient négocié avec la France la libération de leur propre pays en 1962 à Evian, ils n’en démordaient pas, au prix de menaces sur les négociateurs français, d’obtenir et d’inclure l’intégration du Sahara algérien dans « le package » de l’accord global.

Les Saad Dahlab, Krim Belkacem, Mendjli , Réda Malek et le colonel Slimane et pas loin d’eux…, un certain Abdelaziz Bouteflika, invoquaient mordicus leur filiation saharienne et se faisaient pressants pour ne céder aucun pouce du Sahara algérien que la France du général de Gaulle entendait transformer en « république indépendante » satellisée… « Pas de cessation des hostilités avant un accord politique, le Sahara est partie intégrante de l’Algérie », soutenaient-ils dans un texte publié à la veille de l’accord à Evian.

Bien sûr, ironie de l’histoire, le Sahara algérien ne pouvait être rien d’autre qu’un territoire algérien ou algérianisé.

Et le Maroc, solidaire et prompt à sacrifier ses propres intérêts, ne pouvait que soutenir de toutes ses forces cette revendication à ses yeux légitime et rédhibitoire. Pourquoi ce qui fut valable pour l’Algérie ne le serait-il pas pour le Maroc ?

Notre pays ne sera pas payé en retour.

Il a plutôt fait face à une hostilité incommensurable de la part de l’Algérie qui s’est obstinée à lui contester ses territoires, à fomenter des complots contre son intégrité territoriale et à empêcher toute solution « acceptable » au niveau international.

Un aussi profond engagement, de si multiples campagnes contre le Maroc ne justifient-ils pas la conviction – faite chez tous – que l’Algérie n’a jamais cessé d’être au cœur du problème du Sahara ?

L’impasse relève de son propre fait et rien d’autre, et la solution passe par l’autonomie régionale et la solution politique à laquelle le Maroc, faisant bon cœur contre mauvaise fortune, se prête de nouveau faute de voir aboutir les autres démarches entreprises jusqu’ici…

Hassan Alaoui

LE MATIN

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