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Le dur quotidien des émigrés subsahariens

Beaucoup vivent dans l’extrême précarité. Ils sont souvent réduits à de simples mendiants. Les mieux lotis vendent des articles propres à leurs pays, notamment des chaînes, des bracelets et des petits sacs bien typiques.

Pour tenir le coup, ils s’entraident et s’accrochent à leur rêve, celui de regagner un jour la rive nord de la Méditerranée. Ils refusent d’admettre que ce rêve est inaccessible en raison de nouvelles mesures sécuritaires de l’Europe. «Je n’est pas parcouru des milliers de kilomètres et dépensé toutes mes économies juste pour voir le Maroc et faire un retour d’où je venais», affirme un jeune Ivoirien.

Ils ont parcouru des milliers de kilomètres pour tenter de regagner l’eldorado européen. Ce sont les émigrés subsahariens qui font désormais partie du paysage de la métropole. Ils sont sénégalais, maliens, guinéens, burkinabés, camerounais, nigérians, ivoiriens…Ils n’ont qu’un seul mot en tête : regagner la rive nord de la Méditerranée à n’importe quel prix. En attendant, beaucoup font escale dans plusieurs villes marocaines, y compris Casablanca.

Aujourd’hui, il est quasiment impossible de se balader en ville sans apercevoir ces malheureux clandestins errant dans les rues. Partout, on rencontre des images saisissantes d’émigrés mal en point. En dépit de leur extrême précarité, ils décident de continuer à vivre. Pour y parvenir, certains font l’aumône, d’autres vendent des articles propres à leurs pays, notamment des chaînes, des bracelets et des petits sacs bien typiques.

Ces émigrés n’ont pas un seul point de chute. Ils sont installés dans différents quartiers de la ville : l’ancienne médina, Aïn Sebâa, Hay Hassani, Sidi Bernoussi, Mohammedia, quartier des Cheminots…

Ils vivent tous dans des conditions très difficiles. Ils sont souvent mal nourris, et s’entassent dans des piaules comme des sardines. «Nous vivons à huit dans une pièce. Nous dormons sur le sol. Nos vêtements sont pendus à des clous plantés dans les murs de la pièce. Notre alimentation se résume à un bol de riz matin et soir», indique, les larmes aux yeux, un jeune Nigérian.

Amadou, un jeune Ivoirien, a, moins de chance que le jeune Nigérian. Il vit comme ses camarades, depuis trois mois, dans la rue. Ils ont été expulsés de leur chambre qu’ils occupaient à Hay Hassani en raison du non payement du loyer.

Depuis, ils demandent l’aumône. A La tombée de la nuit, ils dorment dans le parc de la Ligue arabe ou près de Casa-Port. «Les difficultés du voyage de la Côte d’Ivoire jusqu’ici n’ont rien avoir avec la difficulté de survivre ici», a-t-il précisé.

Les clandestins assurent qu’ils ne sont jamais inquiétés par la police. «C’est l’unique point positif de notre calvaire. Si la police nous traque, notre vie serait un enfer », souligne un jeune Sénégalais. Et pour tenir le coup, ils construisent des réseaux de solidarité et s’accrochent à leur rêve.

Ce monde, tant rêvé, est difficile à franchir en raison du verrouillage des frontières européennes. Malgré cette réalité, beaucoup refusent d’y renoncer. «Je n’est pas parcouru des milliers de kilomètres et dépensé toutes mes économies juste pour voir le Maroc et retourner d’où je venais», affirme un autre clandestin.

Cette obstination de continuer le voyage revient chez tous les Subsahariens du moins chez ceux que nous avons rencontrés.

«Pas question de rentrer chez moi en Côte d’Ivoire», précise Amadou. «C’est la guerre et le chômage qui m’ont poussé à partir», a-t-il précisé. En attendant de caresser peut-être un jour ce rêve, les Subsahariens doivent d’abord assurer leur survie.

Abderrahman Ichi
LE MATIN

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