La visite de Juan Carlos à Sebta et Melillia dégrade brutalement les relations

L’Etat marocain, gouvernement, élus et société civile, ont marqué une réprobation unanime et forte de cette visite jugée «inopportune» et «inacceptable». Après la réaction du gouvernement El Fassi, qui a exprimé très clairement le rejet de cette visite à l’issue du Conseil de gouvernement, c’était au tour des parlementaires, réunis vendredi dernier, d’exprimer vigoureusement le rejet de cette visite qui dégrade brutalement, et peut-être durablement, les relations entre Rabat et Madrid. Le président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense nationale et des Affaires islamiques à la Chambre des représentants, Fouad Ali El Himma, a souligné le caractère «inopportun» de cette visite, qui intervient à la veille de la commémoration par le peuple marocain d’un événement national phare dans sa lutte pour le parachèvement de son intégrité territoriale, à savoir le 32ème anniversaire de la glorieuse Marche Verte. «Nous osons espérer que le gouvernement espagnol n’a pas délibérément choisi la date du 6 novembre qui, pour nous autres Marocains, a une signification symbolique et politique éminente», a affirmé à ALM (voir entretien en page 4) le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri. Ce dernier a regretté que la droite, aussi bien que la gauche espagnole, ait «une propension affirmée à flatter des sentiments nationalistes obsolètes» et exploiter «l’incongruité coloniale» que constitue la poursuite de l’occupation des présides occupés Sebta et Melillia à l’occasion de chaque nouvelle échéance électorale en Espagne. La réaction de Rabat à cette provocation ne s’est pas limitée à la condamnation. Après le rappel pour consultations de l’ambassadeur du Royaume du Maroc en Espagne, Omar Azziman, d’autres mesures sont à envisager pour marquer le rejet de cette visite. Le réunion mixte de haut niveau programmée dans les prochains jours entre Rabat et Madrid a été jugée «inopportune dans les circonstances actuelles» par le ministre des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri. Un sit-in est prévu aujourd’hui, lundi, devant l’ambassade d’Espagne à Rabat, à l’initiative des parlementaires, des partis politiques et de potentialités de la société civile pour dénoncer la provocation espagnole, une de plus mais de trop. Intervenant à la suite de l’exposé qui a été présenté vendredi dernier par le ministre des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri, devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense nationale et des Affaires islamiques, M. El Himma a souligné que les représentants des différents groupes parlementaires «n’ont pas été surpris» par le timing de cette visite, ni par celui choisi par le juge espagnol Baltasar Garzon pour annoncer des poursuites contre des personnalités marocaines et encore moins par les mesures dont ont fait l’objet les Marocains résidant dans la banlieue de Madrid, qui s’inscrivent dans la perspective des élections en Espagne prévues en février 2008. Le voyage du Roi Juan Carlos vient aggraver dangereusement cette tension inutile.

Par : M’Hamed Hamrouch

Aujourdhui.ma

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