La culture de cannabis a chuté de 10 % en une année

Une idée reçue que le directeur de l’ADPN, Driss Benhima réfute chiffres à l’appui. La culture du cannabis est bien un phénomène marginal, souligne-t-il, puisqu’elle représente moins de 2 % du PIB agricole du Maroc.

Et pendant que le revenu brut potentiel pour les exploitants marocains est estimé à environ 3 milliards Dh, le trafic ne génère pas moins de 10, 8 milliards d’euros pour le marché international. Les pertes ne sont que plus conséquentes pour le Maroc, lorsqu’en plus de l’image négative véhiculée à ce propos sur la scène internationale, les ravages pour l’environnement augmentent à chaque plantation de l’herbe. Les régions d’implantation supportent ainsi les effets de l’érosion, entre autres méfaits. En 40 années de culture de cannabis, les régions du Rif ont perdu 40 % des zones boisées.

Le constat est d’autant plus alarmant que la culture du cannabis s’est étendue à des régions agricoles connues pour leur fertilité et pour la richesse de leur sol. Il en est ainsi de la région de Larache qui constitue pour les responsables du ministère de l’Intérieur et de l’Agence de promotion et de développement économique et social des préfectures du Nord le cœur de cible de leur stratégie de lutte contre la drogue.

L’élargissement des surfaces cultivées à ses régions s’est fait depuis une dizaine d’année, explique Driss Benhima. Les périodes de sécheresses qu’a connues le Maroc durant la décennies quatre-vingt-dix en particulier aurait favorisé l’exode des populations vers les centres urbains dans les régions du centre, alors qu’il a favorisé leur reconversion dans la culture du cannabis dans les zones du nord.

Il est ainsi d’autant plus utile d’agir sur ces zones pour aider les populations vers un retour aux cultures traditionnelles et d’autres cultures de substitution possibles. Dans les zones du Rif en particulier, l’effort est consenti vers l’installation et la promotion du tourisme écologique et de montagne.

Le programme lancé connaît quelques succès, soulignés par M. Benhima, qui note que l’action est bien perçue par les populations en raison d’un effort de sensibilisation avéré.

L’analyse d’images satellite SPOT couvrant toute la zone d’enquête, présentée hier lors du point de presse donné par les responsables du ministère de l’Intérieur et de l’ADPN, estime la culture du cannabis à environ 120 500 ha en 2004, soit une baisse de 10 % comparé à 2003.

Les plus grandes diminutions ont eu lieu dans la province d’Al Hoceima (- 54 %) et dans la province de Taounate (-43 %), et dans une moindre mesure Larache (-1 %).

La culture du cannabis a, par ailleurs, sensiblement augmenté dans les provinces de Tétouan (+ 19 %) et Chefchaouen 62 % des cultures de cannabis sont concentrées dans la province de Chefchaouen. Le reste est réparti dans les provinces de Taounate (12 %), Larache (10 %), Al Hoceima (9 %). Ces chiffres sont éloquents. L’effort reste ainsi total à faire dans ces zones qui, outre la tradition établie d’une culture qui fait partie du quotidien des populations locales, présentent des difficultés d’accès qui limitent les actions de lutte contre le phénomène. 100.000 familles du Rif vivent de la culture du cannabis. Les alternatives sont possibles, mais la coopération, efficiente, à ce sujet est nécessaire avec l’ensemble des partenaires, notamment internationaux, précisent les responsables.

Ainsi le Maroc dispose d’un seul dispositif de détection, via scanner, dans le port de Casablanca. Tous les autres ports restent à équiper en matériel pour une meilleure efficacité de contrôle. Un matériel dont les coûts onéreux ne peuvent être supportés par le pays.

L’éradication de la culture du cannabis n’est, par ailleurs, qu’un aspect de la lutte menée par le Maroc contre la drogue. Le trafic international n’épargne pas notre pays. Cocaïne, héroïne et autres psychotropes sont saisies par les autorités compétentes sur le sol marocain.

Les psychotropes en particulier sont saisies, à 30 % dans les régions frontalières à l’est du pays.

Le phénomène requiert une vigilance toute particulière des services de lutte anti-drogue, du fait de la facilité de transport et de fabrication, mais également de circulation de ce produit, dont les ravages sont connues parmi les populations jeunes.

Trafic et chiffre d’affaire du marché

de la résine de cannabis marocaine

A titre indicatif, il est possible d’estimer le chiffre d’affaire du trafic international de la résine marocaine. Le total des saisies de cannabis d’origine marocaine peut être estimé à 853 tonnes en 2003 (dont 96 tonnes au Maroc).

Si l’on déduit la même quantité de saisie du chiffre potentiel de la production de résine marocaine en 2004 (2 780 tonnes), il resterait environ 1 927 tonnes pour la consommation en 2004. Avec un prix au détail moyen de 6.9 $ par gramme en Europe occidentale en 2004, le chiffre d’affaire total du marché de la résine de cannabis d’origine marocaine peut être approximativement estimé à 13 milliards $, ou environ 10.8 milliards d’Euros.

Revenu total brut des cultivateurs de cannabis.

Le calcul du revenu brut potentiel est basé sur les estimations de la production, du taux de transformation du cannabis brut en résine, de la proportion des ventes de cannabis et de résine. Bien que chacune de ces estimations contienne une part d’incertitude, le revenu brut potentiel pour les exploitants peut être estimé à environ 3 milliards Dh (325 millions $). Ce chiffre est équivalent à 0.7% du PIB de 2003 estimé à 424.6 milliards Dh (47 milliards $). Si l’on se base sur une estimation de 96 600 familles et 800 000 personnes bénéficiant de la culture du cannabis dans le Rif (estimation 2003), cela représente un revenu brut d’environ. 3600 Dh (400 $) par personne, à comparer à un PIB par personne de 14 106 Dh (1 478 $) en 2003 pour l’ensemble du pays.

source:lematin

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