Accueil > Maroc > Etre marocain, c’est reconnaître la pluralité culturelle de notre pays

Etre marocain, c’est reconnaître la pluralité culturelle de notre pays

Abdelfettah ezzine : La marocanité ne se réduit pas à une pièce d’identité délivrée par l’administration, bien que durant les années de plomb, le passeport était utilisé comme moyen punitif à l’égard de tout opposant. Il a fallu, malheureusement, les événements du 16 mai 2003 à Casablanca pour que la marocanité soit fêtée solennellement comme valeur dans le cadre d’un projet de société moderne et démocratique et que ses symboles recouvrent leur notoriété.

Etre marocain, c’est reconnaître la pluralité culturelle de notre pays : Imazighen, Arabes, Subsahariens, Mauresques, musulmans et juifs. Aujourd’hui, la marocanité déborde nos frontières. Des membres de la communauté marocaine à l’étranger ne se contentent plus d’être présents dans l’emploi ou la culture, mais jouent un rôle important en politique.
Le Cercle de citoyenneté, espace universitaire pour le dialogue, vise la mise en valeur de cette vitalité et à accompagner l’Initiative nationale de développement humain (INDH).

L’objectif de vos débats est de consolider
la transition démocratique par la mise à niveau
des sciences sociales. Concrètement, que proposez-vous dans ce sens ?

Par le lancement du Cercle de citoyenneté , nous voulons non seulement rendre à l’université son rôle essentiel en tant que lieu de réflexion, de débat et de concertation, mais aussi un lieu de perfectionnement des outils de la gestion du changement social et des chantiers de réforme.

Dans ce cadre, nous comptons développer des formations concernant l’ingénierie sociale et d’autres métiers nouveaux (acteurs de développement, animateurs sociaux et socioculturels, etc.) Car il ne s’agit pas seulement de produire un savoir sur la société, mais il faut aussi développer un savoir-faire et un savoir être chez les divers acteurs, ce qui va aider à l’absorption d’une grande partie de nos jeunes diplômés chômeurs par le marché de travail, surtout dans le domaine des chantiers lancés par l’INDH et changer leur rapport à l’emploi.

Vous dites que nous sommes obligés d’intégrer
la mondialisation et que nous devons être de bons joueurs pour éviter d’être des pions. Avons-nous des chances ? Si oui, lesquelles ?

La question n’est pas d’intégrer ou non la mondialisation, car nous sommes déjà dedans ! Non seulement par l’histoire (la colonisation), mais aussi par la géographie et la géopolitique (appartenance méditerranéenne, adhésion du Maroc aux institutions internationales, etc.).

La grande question est la suivante : Quel rôle devons-nous et voulons-nous avoir ? Notre position géostratégique et notre jeunesse sont des atouts majeurs. Notre diversité socioculturelle est une vertu qu’il faut sauvegarder et mettre en valeur. D’ailleurs, le discours royal d’Ajdir en 2001 a initié une nouvelle démarche (aborder la diversité dans le cadre de l’unité) selon laquelle aucun citoyen (ou force politique) ne peut monopoliser la représentation d’une composante de notre identité ou s’en prendre à elle sans concertation avec tous les citoyens ou au moins leurs représentants reconnus.

Dans ce sens, l’INDH, comme instrument viable d’un projet de société moderne et démocratique et par son approche participative, représente un défi qu’il faut relever. Réussir cette transition politique, c’est d’abord rétablir la citoyenneté (en relation avec la civilité et le civisme) par la réalisation des chantiers de développement pour surmonter la précarité et l’exclusion.

Pour la mondialisation, la véritable richesse, ce sont les faiseurs d’idées et pas seulement les faiseurs d’argent. C’est d’ailleurs la différence, qui est de taille, qui existe entre un pays riche et un pays développé.

—————————————————————————
Le Cercle de la citoyenneté est un groupe de réflexion initié par l’Institut universitaire de la recherche scientifique (IURS) à Rabat, en partenariat avec la Fondation allemande Friedrich Eberts qui vise à promouvoir la culture de la citoyenneté.

INTERVIEW: Abdelfettah ezzine, initiateur du “Cercle de la citoyenneté”

PROPOS RECUEILLIS par Rachid Tarik
LE MATIN

Commentaires

Voir aussi

Maroc : un imam pédophile

@360   Une peine de prison a été prononcée par la Cour d’appel de Tanger à …