Elle refuse ses avances, il la tue

Juste à côté d’une échelle en bois renversée par terre, le corps de sa fille est étendu sans vie. Pas de sang. Les voisins qui ont entendu le cri et ont accouru pour savoir ce qui s’est passé ont cru tout d’abord que Fatima était tombée de l’échelle alors qu’elle s’apprêtait à monter sur la terrasse. Mais la nuque de la jeune femme est transpercée sur le côté droit. Par quoi ? Les voisins s’empressent aussitôt d’avertir les gendarmes. Les premiers éléments du constat d’usage effectué permettent aux enquêteurs de conclure qu’il s’agit d’un meurtre probablement commis au moyen d’une arme à feu. Mais pourquoi le meurtrier n’a pas tué le nourrisson qui dormait encore sur le lit ? Pour sa part, Fatima était connue comme une jeune femme sans problème. Belle, de taille svelte, dans la fleur de l’âge, Fatima jouissait d’une bonne réputation. Durant toute la période de son célibat, avant qu’elle n’accepte de devenir la femme de Hassan, elle n’a jamais commis le moindre faux pas, malgré les avances réitérées de la part de la majorité des jeunes hommes du douar. «Ma fille m’a confié, il y a quelques jours, avoir été harcelée par son beau-frère, Mohamed», déclare la mère aux enquêteurs, les larmes aux yeux. Gémissant, larmoyant, Mohamed recevait pendant ce temps les condoléances des voisins du douar tout en exhortant les gendarmes à faire le maximum pour arrêter l’auteur de crime. Et voilà que soudain, le chef de la brigade lui demande de le suivre dans une chambre pour un entretien en privé. Mohamed ne sait plus à quel saint se vouer, il ne s’attendait certainement pas à être aussi rapidement confondu. Il finira par avouer : «Je l’ai tuée d’un coup de fusil de chasse». Mohamed, la quarantaine, n’a jamais mis les pieds à l’école. Dès son enfance, il a rejoint son père dans l’agriculture et l’élevage. Quand son père est décédé, il a pris la relève. C’est lui qui travaillait et qui prenait soin de sa mère et de son unique frère cadet, Hassan, qui poursuivait ses études. Mohamed se marie et son foyer est égayé par trois beaux enfants. De son côté, son frère Hassan a commencé à gagner sa vie en travaillant à Casablanca. Il retournait, surtout les week-ends, chez sa famille. Lorsqu’il revenait à son travail, il laissait sa femme seule à la maison. Seulement, la jeunesse et la beauté de Fatima ont fini par séduire Mohamed.

Incapable de contenir son désir, Mohamed a commencé à faire la cour à sa belle-sœur, la moindre occasion étant bonne pour tenter de la convaincre de coucher avec lui. Fatima eut beau être surprise par l’attitude de son beau-frère, elle n’en disait rien à son mari, sans doute par crainte du scandale ou d’une réaction violente de Hassan. Son silence a malheureusement poussé Mohamed à en conclure que Fatima n’avait rien contre une aventure amoureuse avec lui. Et qu’il ne lui manquait que l’occasion de passer à l’acte. C’est ainsi que lorsque son frère Hassan s’est absenté pour se rendre à El Jadida, Mohamed a décidé d’aller plus loin dans son harcèlement. Durant la nuit, Il entre chez sa belle-sœur à pas de loup. Fatima se trouvait à côté de son nourrisson quand il l’a réveillée et lui a demandé de faire l’amour avec lui. Fatima ayant refusé, Mohamed a tenté de l’obliger. Mais, elle a résisté au point qu’il l’a poussée violemment de l’autre côté de la chambre. Et là, le drame se noue. Mohamed tend le bras vers un fusil de chasse accroché au mur, s’en empare et tire une balle au niveau de la nuque de la jeune femme. Fort de l’impression que personne n’a entendu la détonation et contre toute raison, Mohamed décide de maquiller le meurtre en accident : il nettoie le sang qui a coulé de la blessure, déplace le cadavre jusque dans le vestibule sans toucher au nourrisson et renverse l’échelle pour faire croire que Fatima en est tombée alors qu’elle s’apprêtait à monter sur la terrasse. Une mise en scène qui n’aurait eu de toute façon aucune chance d’abuser les enquêteurs, qui ont eu tôt fait de pousser Mohamed à avouer. Quant à Hassan, il en est toujours à se demander comment son frère a pu convoiter sa propre femme au point d’en arriver à la tuer.

Abderrafii ALOUMLIKI

aujourdhui.ma

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