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Du «fiqh» à l’escroquerie

Le fiqh (théologie) n’est cependant pas leur fort et le titre qui en découle et qu’ils endossent, à tort, les fait passer pour des faiseurs de miracles. C’est le cas d’un individu que l’on nommera l’fqih, comme avaient coutume de l’appeler les habitants d’un petit patelin dans les environs de Taounate. Car ils ne lui attribuent plus ce pseudonyme depuis qu’ils ont appris qu’il n’était qu’un usurpateur ou plutôt, disons, un escroc.

A cause de la désillusion d’un jeune homme et d’une femme, qui croyaient tellement aux vertus de cette espèce d’aigrefins, notre ami l’fqih se retrouvera sous les verrous. Condamné à cinq mois de prison et d’une amende de 1.000 dirhams, pour escroquerie, ce dernier n’a pas cessé de protester contre ce qu’il considérait comme une injustice, jusqu’à la prononciation du verdict. Après avoir vendu des paroles à des dizaines, voire des centaines de personnes, et à des montants non négligeables parfois, ce détrousseur sous couvert de la religion allait croiser ses tombeurs qui mettront fin à ses activités de charlatan.

Du moins dans son village, au cas où il décide de s’installer ailleurs et tout reprendre à zéro. Comme il est de coutume, ce sont souvent des affaires rocambolesques de cœur, avec toute la détresse qui en résulte, qui poussent les gens – naïfs – à recourir aux services de ces mystificateurs du dimanche.

Le jeune Aziz souffre de dysfonctionnement érectile. Cela lui empoisonne la vie et, le tabou aidant, n’osera pas trop en parler. Au lieu de consulter un médecin – vu que dans certains milieux sociaux, la croyance populaire ne leur accorde que peu de crédibilité s’il ne s’agit pas d’une grippe ou d’une quelconque maladie bénigne – Aziz frappera à la porte de l’fqih.

Ce dernier, rassurant comme un lauréat d’une grande faculté de médecine, promettra à Aziz que son problème sera résolu plus vite qu’il ne le pensait. Les yeux brillants d’espoir, Aziz s’acquittera sans sourciller de la somme de 3.000 dirhams, pourvu que ses activités conjugales retrouvent un peu de punch.

Les séances de psalmodies et la multitude de talismans et de breuvages n’y feront, malheureusement, rien. Fatima, une jeune de la région, tombera également entre les griffes de l’fqih. Son problème est une absence totale de prétendants. Encore une fois, l’fqih lui en promettra toute une foule. Elle se prendra aussitôt pour Aïcha la comédienne, dans un spot publicitaire à la conception, pour le moins, ridicule, ainsi sa bourse soulagée par le fakih de la somme de 2.000 dirhams. Plusieurs semaines plus tard, rien ne changea pour Fatima, encore moins pour Aziz, qui resteront, chacun de son côté, noyés dans leur détresse. Aziz fera le premier pas… vers la police cette fois-ci.

Les éléments de la police judiciaire auront la confirmation que l’fqih n’est pas aussi blanc qu’il prétend l’être, suite à la plainte déposée par Fatima. L’escroc sera poursuivi en justice pour escroquerie, chose qu’il niera jusqu’à la dernière audience, arguant que les « traitements» prescrits étaient en cours et qu’ils finiront par donner les résultats escomptés. Aziz et Fatima attendent toujours !

Abdelhakim Hamdane
LE MATIN

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