Deux factions séparatistes du Polisario se déchirent sur l’initiative marocaine

Les deux groupes se font la guerre acharnée depuis le début des négociations de Manhasset sous les auspices de l’ONU, le 18 juin dernier.

La dernière bataille entre les deux clans a eu lieu cette semaine à Madrid. Le déplacement du responsable des relations extérieures du Polisario, Mohamed Ould Salek en Espagne, le 14 septembre, a provoqué la colère du clan espagnol qui n’a pas apprécié la tournure que les choses ont prise suite à la rencontre entre Ould Salek et le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos. En effet, ayant la volonté d’accélérer le processus onusien engagé à Manhasset, Ould Salek avait appelé le chef de la diplomatie espagnole à demander à Peter van Walsum, représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, de convoquer un nouveau round de négociations pour le mois de novembre. Demande qui a été favorablement accueillie par la partie espagnole. En plus, le responsable des relations extérieures du Polisario a transmis à la partie espagnole la volonté du Polisario d’inclure l’autonomie comme une option d’un référendum d’autodétermination qui serait «organisé dans la région».

Ces deux initiatives, à savoir la demande de reprise du processus de Manhasset et l’acceptation de l’autonomie comme une option de solution, signifient selon les observateurs une sorte de pas en avant vers la proposition marocaine.

Mais, le «geste de bonne volonté» transmis par le clan Beiba-Ould Salek a suscité une vive réaction de la part de Mohamed Abdelaziz et compagnie. Dans une déclaration au journal électronique espagnol « Libertad Digital », le délégué du Polisario à Madrid, Brahim Ghali, a réagi aux détails de la rencontre de Madrid révélés par ALM (numéro 1501 du 18 septembre). Pour lui, «le processus de Manhasset est une farce de l’ONU».

Brahim Ghali, ancien ministre de la Défense de la chimérique république sahraouie et gérant des fonds et des investissements du «clan espagnol» à Madrid, considère que «il n’y a aucune espérance sur l’issue des négociations».

Accusant ALM de mener une campagne pour le compte du gouvernement marocain, il a démenti tout changement de position au sein du Polisario. «Il s’agit d’une déformation totale de la réalité (…) notre position est celle de toujours», a-t-il dit avant d’accuser, encore une fois, le gouvernement espagnol d’avoir «changé de position et abandonné les Sahraouis».

Cette sortie médiatique de Brahim Ghali confirme, selon les observateurs, l’existence de deux courants au sein du Polisario qui tentent, chacun de son côté, d’imposer son point de vue à l’autre.

«Cette guerre interne est en train de prendre de l’ampleur dernièrement car il y a une sorte de vacance du pouvoir à Alger. La maladie du président Abdelaziz Bouteflika et la reprise des attentats en Algérie ont relégué les affaires polisariennes en dernière position dans l’échelle des priorités du pouvoir militaire dans ce pays», estime un spécialiste. Pour lui, «tant que la confusion persistera à Alger, le désordre régnera à Tindouf».

Omar DAHBI

Aujourdhui.ma

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