Chronique : La voie espagnole

Madrid tout d’abord est une grande ville moderne, aux larges avenues, aux belles places, où règnent partout la propreté et la quiétude. J’ai été impressionné par l’excellence des transports en commun, que j’ai empruntés régulièrement : un métro moderne et des bus confortables.

Les monuments, les musées sont tous équipés au standard européen : visites guidées, appareils audio pour faciliter la visite, cafeteria aux prix raisonnables.

Enfin, les gens sont tous bien habillés, attentifs et prêts à renseigner le visiteur étranger. Tout en visitant la ville et ses environs, je me rendais compte du progrès considérable réalisé par l’Espagne les quarante années. On se rappelle tous en effet l’Espagne des années soixante, peu développé, mal équipée, et aux mœurs surannés.

L’Espagne d’aujourd’hui dispose d’un PIB par habitant de 23.000 Euros, soit l’équivalent de la moyenne du PIB de l’Europe à 25. Son économie est florissante grâce à un produit intérieur brut de 837 Milliards d’Euros en 2004, qui la classe en bonne place parmi les pays européens. Signe d’un pays développé, ce PIB est composé de 60,5% par les services et 14,3% par l’industrie. L’agriculture, l’élevage et la pêche ne représentent plus que 3% du PIB. Les points forts de l’économie espagnole sont les services et notamment le tourisme (53 Millions de touristes en 2004), et une industrie diversifiée et performante qui a exporté en 2004 pour 215 Milliards d’Euros de biens et de services.

A quoi est due cette situation enviable ?

Elle est dûe d’abord à une démocratisation poussée du système politique. En effet, après la dictature de Franco (1939-1975), et l’accession au trône du Roi Juan Carlos, fut adoptée en 1978 une nouvelle Constitution. Cette dernière élargit considérablement le champ des libertés et des droits du citoyen. Elle définit et fixe les prérogatives des principales Institutions : le Roi, le Parlement, le Gouvernement, la Justice, les Communautés autonomes. La transition démocratique s’est passée dans des bonnes conditions, ne s’attardant pas sur les erreurs du passé, mais regardant plutôt l’avenir.

La démocratisation du régime espagnol a permis l’adhésion en 1986 de l’Espagne à l’Union Européenne. On peut considérer cette dernière date, comme le démarrage de son fulgurant développement économique et social. En effet l’Espagne a dû, pour entrer à l’Union Européenne, satisfaire aux conditions d’adhésion, en mettant au standard européen sa législation dans tous les domaines.

Elle a aussi bénéficié d’une importante aide technique et financière de l’Union Européenne pour mettre à niveau son économie. En effet en 1986, l’Union Européenne ne comprenait que 10 membres, et disposait de fonds importants, qui ont aidé l’Espagne à moderniser son agriculture dans le cadre de la Politique Agricole Commune, et ses régions pauvres grâce aux fonds structurels.

L’Espagne a compris que son avenir et sa prospérité sont liés à l’Europe, et c’est pour cela qu’elle a toujours défendu la construction européenne. La preuve en est le vote positif où 76% du peuple espagnol lors du référendum du 20 Février 2005, concernant le Traité Constitutionnel de l’Europe.

Mais on ne peut expliquer le fulgurant développement économique et social de l’Espagne uniquement par la démocratisation de son régime et son adhésion à l’Union Européenne, qui ont certes joué un très grand rôle. Le peuple espagnol qui a connu une histoire prestigieuse, et une brillante civilisation, est un peuple fier, qui ne pouvait accepter d’être rangé parmi les derniers d’Europe Occidentale. Aussi, encadré par des partis politiques sérieux et dynamiques, mobilisé par des intellectuels convaincus, informé par des médias écrits et audio-visuels performants, il a bénéficié de dirigeants politiques qualifiés et intègres, qui ont réussi à le mettre au travail.

La Maroc, pays voisin de l’Espagne, a certes ses spécificités, mais aussi beaucoup de similitudes. Aussi, avons-nous intérêt à approfondir davantage la voie espagnole.

Source : Menara

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