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Boulevard Mohammed V, un point noir dans la Cité blanche

Sur plus de deux kilomètres, cette artère commerçante rassemble les plus beaux immeubles de la ville. La rencontre de motifs des arts décoratifs marocains et de configurations art déco a produit des décors de façades originaux où les éléments d’ornement viennent agrémenter les façades blanches et nues caractéristiques de l’époque».

C’est la description qu’on peut lire sur les guides touristiques de la ville. Une description qui rappelle que la Cité blanche est en fait un véritable creuset universel de l’architecture du siècle dernier.

En effet, un nombre impressionnant de bijoux art déco tiennent toujours debout, pour la plupart depuis plus de 70 ans, et racontent inlassablement l’histoire d’une ville, d’une époque. Toutefois, cet ensemble de bâtiments, classés comme patrimoine de la ville, sombre sous la poussière de l’oubli.

«L’actuel boulevard Mohammed V est tout sauf un produit touristique des plus mémorables», affirme ce Casablancais sexagénaire. Effectivement, l’ancien «boulevard de la Gare» illustre surtout la désuétude et l’insouciance des autorités locales qui n’arrivent toujours pas à mettre en place un programme de réhabilitation.

«L’avenue Mohammed V était un point de repère pour tous les Casablancais. Elle était connue pour un bon nombre de sites économiques et culturels, tels que la Vigie Marocaine, le Petit Marocain, les cinémas Empire et ABC ainsi que le passage Glaoui », explique avec nostalgie ce Casablancais.

Et d’ajouter que «ce boulevard était surtout fréquenté par les Européens et les jeunes bourgeois qui fréquentaient les boutiques des commerçants hindous, les galeries Lafayette ou les Magasins Réunis». «Les jeunes habitants de l’ancienne médina y organisait aussi des tournois de cyclisme», déclare un autre Casablancais.

Aujourd’hui, l’attrait culturel et urbanistique du boulevard Mohammed V fait partie de l’histoire ancienne. Preuve en est la décrépitude de l’hôtel Lincoln. Ce bâtiment, classé par le ministère de la Culture, depuis l’an 2000, parmi les monuments historiques du pays, s’est transformé en un point noir de la ville blanche.

Ainsi, le prestigieux hôtel tant fréquenté par de grandes personnalités africaines et internationales s’est transformé en un vrai dépotoir. Pis, le site est devenu un refuge pour les SDF et les délinquants des environs.

En plus, à cause de quelques palissades dites de sécurité, la circulation sur le boulevard Mohammed V est devenue un vrai calvaire pour les citoyens. Il est à rappeler que le dossier de ce monument à l’agonie traîne depuis plusieurs années sans qu’on puisse prendre une décision définitive à son sujet. Certains promoteurs avaient proposé de raser l’édifice alors que la Ville préfère le restaurer pour préserver son histoire.

Entre-temps les Casablancais essaient d’éviter l’une de leurs avenues les plus prestigieuses. «C’est vraiment regrettable de voir l’état de délabrement de ce trésor architectural des années 20.

Cela me désole au point que j’évite de passer par le boulevard MohammedV», affirme un amoureux de Casablanca. «J’estime que les autorités doivent absolument réhabiliter ce site historique afin de garder le charme de cette avenue», précise-t-il. De fait, la dégradation de l’hôtel Lincoln nuit tellement à l’image du boulevard Mohammed V qu’on ne remarque plus les œuvres architecturales avoisinantes et surtout le fameux Marché central.

Installé au cœur de l’ancien boulevard «de la Gare», ce marché a connu des jours bien meilleurs. «Il est vrai que le prestigieux marché central connaît toujours l’affluence des plus belles récoltes, seulement il n’est plus aussi bien entretenu qu’avant », nous révèle ce Casablancais quadragénaire.

«Même l’allée menant à ce petit centre commercial, ajoute-t-il, n’encourage plus à la flânerie.» Il est vrai que la présence d’un grand nombre de mendiants, en plus des stations taxis et de l’embouteillage des autobus, ne fait qu’aggraver la situation du boulevard.

Ainsi, la ville de Casablanca se voit obligée de revaloriser l’image de ces sites typiques. Dans ce cadre, un projet d’aménagement pareil à celui de l’avenue Mohammed V à Rabat ne serait que bénéfique.

Nadia Ouiddar
LE MATIN

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