Les enjeux des législatives au féminin

Le mouvement féministe marocain ne cesse de mener d’intenses luttes pour s’assurer d’une réelle représentativité féminine en 2007.

La présidente du Forum des femmes parlementaires et députée du Rassemblement national des indépendants, Zahia Dadi Skelli, avoue que la mission des femmes n’est pas aisée pour plusieurs raisons.

D’abord, leur représentativité ne sera pas aussi plurielle et large qu’en 2002. Ensuite, il y aura de grandes difficultés à convaincre les partis politiques à choisir des femmes en tête des listes locales.

Notre requête est ambitieuse. Nous demandons à ce que 10% des femmes soient à la tête des listes locales. Nous savons que c’est une grande bataille à mener, signale avec enthousiasme Zahia Dadi Skelli tout en ajoutant que même si tous les partis n’accordent que 3% aux femmes valables, la représentativité féminine connaîtra une hausse palpable. Mais à condition que les candidatures se fassent dans des circonscriptions gagnantes.

Les femmes députées affichent leur optimisme quant au prochain rendez-vous électoral. Mais pour certaines, la sensibilisation s’avère, désormais plus que jamais, de mise.

Fatima Mustaghfir, député du Mouvement populaire, estime que les partis politiques sont appelés à mener des campagnes de sensibilisation pour faire valoir le travail parlementaire et expliquer aux citoyens les missions des députées, les vraies. Quand les gens prendront conscience que le travail législatif est mental et qu’il est relatif surtout à la législation et au contrôle du gouvernement, on va préférer les femmes aux hommes comme c’est le cas dans plusieurs domaines, dit-elle.

Le défi est, donc, majeur. Selon Nouzha, Skalli, parlementaire du Parti du progrès et du développement (PPS), l’enjeu pour les femmes en septembre 2007 n’est pas que d’ordre numérique mais il est aussi qualitatif. Elle pense qu’un nombre limité des partis voudront présenter la candidature des femmes au niveau local.

Quelques militantes soulignent que les femmes ont peu de chance de s’imposer sans un système de quota, parce que les électeurs ne sont pas encore disposés à faire confiance aux capacités des femmes. Plus de 60% de Marocains pensent que les hommes font de meilleurs responsables politiques que les femmes, selon les chiffres de l’Enquête nationale 2004 sur les valeurs.

Toutefois, 82,2% des personnes interrogées ont affirmé être disposées à voter pour une femme. L’idée, à l’heure actuelle, est de mobiliser l’électorat féminin aussi souvent que possible si l’on souhaite voir augmenter le nombre de femmes au Parlement. C’est aux femmes de jouer leur rôle en appuyant leur candidature, annonce Nezha Skelli. Mais pour atteindre cet objectif, il est essentiel de sensibiliser l’électorat. Cependant, cette parlementaire s’indigne de l’exclusion dont font l’objet les femmes dans les médias publics. On fait un barrage sur les femmes.

Comment voulez-vous qu’on vote pour elles ?

L’ambition des femmes est légitime selon les observateurs. Cependant, la bataille est loin d’être gagnée. Il faut raisonner à long terme. Si on n’arrive pas à satisfaire nos ambitions lors des prochaines élections, il faut être patientes et attendre le rendez-vous électoral suivant , signale avec optimisme Fatima Mustaghfir. Il faut une volonté politique pour assurer une progression régulière de la participation des femmes au Parlement.

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Réalisations des femmes

Selon les observateurs, rares sont les femmes parlementaires qui se sont distinguées. Une idée réfutée par nombre de militantes qui rejettent l’idée des bilans distinctifs. Elles aimeraient être évaluées au même titre que les hommes pour casser les stéréotypes. Mais, en même temps, elles essaient autant que faire se peut de jeter la lumière sur leurs réalisations .

Elles estiment qu’elles ont beaucoup donné. Selon elles, la meilleure plus-value réside dans la sensibilisation du citoyen de la plus haute importance du rôle de la femme.

Et ce n’est qu’un début. Elles appellent tous ceux qui critiquent leur rendement à seréférer à ce qu’elles ont pu accomplir durant ces dernières années. Pour elles, incriminer les militantes et qualifier leur travail de facultatif est on ne peut plus inacceptable et un retour en arrière.

Jihane Gattioui

LE MATIN

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