Très vite, la jeune fille réalise qu’un avenir sombre et difficile lui est promis. Ni diplôme en poche ni métier en main, sa vie s’engage sous le signe des corvées et de la servitude. Elle est contrainte de trouver un emploi, n’importe quoi, pour aider sa famille à subsister.
C’est ainsi qu’elle se retrouve femme de ménage, bonne à tout faire conviendrait mieux, au service d’une famille bourgeoise. En remerciant Dieu de lui avoir offert cette ressource, quand bien même elle en souffre dans le secret de son âme fière.
Khadija s’installe donc dans la vie au service de cette famille. Entre temps, elle tombe amoureuse d’un jeune homme et finit par s’offrir à lui. Lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte, elle a la joie de se voir demander en mariage par son séducteur qui fait le choix de l’épouser.
Voilà Khadija mariée, bientôt mère d’une petite fille. Mais le bonheur n’est pas au rendez-vous. Une profonde tristesse la gagne et assombrit sa vie. C’est que son mari change de comportement à son égard. Petit à petit, il finit par lui dire qu’il ne l’aime plus et la voici bientôt répudiée et jetée à la rue, elle et son bébé. Sans l’ombre d’une pension alimentaire, pour ne rien arranger…
Heureusement, ses parents sont là, Khadija se réfugie chez eux. Mais elle comprend qu’elle ne doit pas s’imposer à eux comme une charge et qu’elle doit penser à gagner à nouveau sa vie.
C’est ainsi qu’elle se résout à reprendre du service comme domestique et se laisse absorber par ses nouvelles responsabilités : son travail, le soin qu’elle prend de ses parents et surtout de sa petite fille qui grandit chaque jour plus vite et qui va déjà à l’école. Mais son destin l’attend au tournant. Un jour, Khadija fait la connaissance de Abdelkader, un homme âgé d’une trentaine d’années. Abdelkader lui plaît mais elle est loin de se douter que l’homme est un repris de justice.
Khadija et lui commencent à sortir ensemble, de café au restaurant et se retrouvent parfois dans le même lit. Abdelkader lui promet le mariage. Seulement, il n’a pas les moyens de convoler. C’est du moins ce qu’il prétend. Khadija, réaliste, lui répond qu’en effet, elle a besoin d’un homme qui non seulement l’aimerait mais de plus serait en mesure de les prendre en charge, sa fille et elle.
Abdelkader ne tarde pas à lui souffler la solution qui pourrait tout arranger. Il ne s’agit pas moins que de cambrioler l’appartement de ses employeurs, qui passent régulièrement leurs week-ends hors de Casablanca. Khadija hésite longuement mais elle finit par se rendre aux incitations de son amant. Reste à organiser le cambriolage.
Abdelkader demande à Khadija de lui remettre les clés du domicile de ses employeurs afin qu’il puisse en faire des doubles. Cela fut vite réalisé. Restait à attendre le week-end pour opérer. Le jour J, Khadija conduit donc son amant jusqu’à l’appartement. Il engage la clé dans la serrure, les voilà dans la place. Khadija lui indique l’emplacement des objets précieux et surtout de la cachette des bijoux et de l’argent. Abdelkader fera main basse sur trois mille dirhams en liquide, un appareil photo numérique, une bague, un bracelet et des boucles en or.
Puis le couple de cambrioleurs par amour quittent les lieux, persuadés que personne ne les a remarqués.
Hélas, le concierge, qui les a vus entrer dans la résidence, les dénoncera aux enquêteurs qui n’auront aucune peine à arrêter Abdelkader et Khadija.
Le couple a été traduit devant la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca, poursuivi pour vol qualifié. En attendant de passer en jugement, Khadija fait le bilan de sa vie : elle goûte l’amertume des regrets de s’être laissée embrigader par son amant et comprend, trop tard malheureusement, que sa fille avait plus besoin d’une mère qu’elle-même avait besoin d’un amant.
Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma