Inauguration de l’observatoire national de lutte contre la violence à l’égard de

Il s’assigne pour objectif d’assurer l’orientation, la coordination, le suivi et l’évaluation du Plan opérationnel et de contribuer au renforcement des politiques nationales. Il capitalisera les initiatives tendant à renforcer l’efficacité des actions menées pour lutter contre le phénomène. Il plaidera les dossiers en la matière aux niveaux national, régional et international et cordonnera toute initiative en faveur de la situation de la femme. La sensibilisation et le plaidoyer sont une autre mission qui s’avère d’une plus haute importance.

Plusieurs départements sont regroupés au sein de cet observatoire. Il s’agit des ministères de la Santé, de la Justice, de la Communication et de l’Education nationale, du Haut commissariat au Plan, de la Sûreté nationale et de la Gendarmerie royale.

Les associations féminines et les centres d’écoute et d’orientation juridique des femmes victimes de violence ont également un grand rôle à jouer dans ce domaine. Quelque huit membres représentent les partenaires associatifs.

On note la participation de l’Union de l’Action féminine, de l’association Amal femmes en mouvement pour une vie meilleure, de l’Association marocaine de la lutte contre la violence à l’égard des femmes, du Centre des droits des gens, de l’Union nationale des femmes marocaines, d’Ennakhil pour la femme et l’enfant, du centre Nawal Belhmer (association Initiative pour la protection des droits de la Femme) et de l’Organisation du renouveau de la conscience féminine.

Des centres de recherches sont, pour leur part, impliqués : Université Hassan I, Université Ibn Tofaïl, Université Hassan II, l’ambassade du Canada, le Fonds d’appui à l’égalité entre les sexes et l’Agence canadienne de développement international. “Nous allons œuvrer pour que cet observatoire soit doté des chances d’appui financier et moral”, souligne Yasmina Baddou.

La lutte contre la violence à l’égard des femmes nécessite un effort de longue haleine. Des départements gouvernementaux ont uni leurs efforts pour mettre en place un plan d’action commun afin que les femmes ne soient plus victimes de la violence : harcèlement sexuel, inégalité des sexes, violence corporelle… La réforme de la Moudawana et du Code du travail a réalisé des avancées considérables dans ce domaine. Le harcèlement sexuel est considéré maintenant, aux yeux de la loi, comme un délit.

Plusieurs mesures ont été prises par le ministère de la Justice. On peut citer entre autres : constitution d’une cellule de communication au niveau de chaque ministère avec les centres d’écoute, formation des centres en matière des connaissances et de procédures juridiques à l’échelle de chaque parquet près les cours d’appel, recours à l’expertise des assistantes sociales dans l’élaboration d’enquêtes sociales, formation des magistrats des parquets dans le traitement des affaires liées à la violence à l’égard des femmes, aide juridictionnelle pour les indigents…

Yasmina Baddou mise aussi sur le numéro vert qui facilite le contact avec le ministère public pour les femmes victimes de violence. Il donne l’occasion à bon nombre de femmes, notamment démunies, de s’exprimer et de pouvoir bénéficier ne serait-ce que de l’écoute et du soutien psychologique. C’est une première au Maroc. Ce numéro vert permet, outre l’orientation de ces femmes vers les services concernés (police, gendarmerie, hôpitaux, centre d’écoute), de détecter les lacunes de la loi et d’élaborer des statistiques qui manquent cruellement au Maroc.

Mais, il reste encore beaucoup à faire concernant l’application des lois et la sensibilisation. Bon nombre de femmes préfèrent rester silencieuses au lieu de dénoncer la violence qu’elles subissent de la part des membres de leurs familles. Nombreuses sont celles qui contactent les centres d’écoute. Cependant, elles refusent d’entamer une procédure juridique à l’égard de leurs maris car elles ne disposent pas d’une autonomie financière.

Jihane Gattioui

LE MATIN

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