Elle abandonne son enfant dans la rue

Peu importe le nom de cette jeune fille qui se tient devant le magistrat de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca. Ce qui est important, c’est son histoire. C’est à Oulad Haddou qu’elle est née, il y a une vingtaine d’années. Elle n’a passé que quelques années aux bancs de l’école et a choisi finalement de rester chez ses parents sans apprendre un métier. Pour elle, sans aucun doute, la femme doit se marier et servir son époux et ses enfants. Mais son expérience va lui prouver le contraire. Comment? C’est à son dix-huitième printemps, qu’elle a croisé, pas loin de chez elle, Mohamed. En fait, elle ne l’avait jamais rencontré. Etait-il étranger à la région ? Non. Elle a appris auprès de quelques jeunes voisines qu’il était venu, il y a quelques jours, en compagnie de sa mère, pour rendre visite à une proche de sa famille. Elle a fait son possible pour qu’elle attire son intention surtout quand il passait devant la maison où elle habite en compagnie d’un autre jeune homme. Et elle y est arrivée. Mohamed s’est rendu compte qu’elle s’intéressait à lui. La solution ? Il a saisi une belle occasion pour lui chuchoter des mots mielleux. Et elle l’a cru. Ils ont alors entretenu une relation amoureuse. Pas moins de deux semaines plus tard, ils sont parvenus à se mettre d’accord sur le projet de mariage. Mohamed en a parlé à sa mère qui lui a promis de demander sa main. Un mois plus tard, le mariage a été célébré. La jeune épouse a rejoint son mari et sa belle-famille qui demeurent au centre-ville. Et elle a découvert une autre réalité : un époux violent, au chômage, qui compte sur l’aide de sa mère et une belle-mère et des belles-sœurs qui ne la respectaient pas et ne cessaient de l’injurier. Que devait-elle faire ? Elle est retournée chez ses parents sans demander le divorce. Personne ne l’a sollicitée de retourner au foyer conjugal et ne lui a envoyé le moindre sou pour gagner sa vie. C’est la raison pour laquelle elle s’est livrée à la prostitution. Deux ans plus tard, elle est tombée enceinte. Elle a gardé l’enfant sans recourir à l’avortement. Neuf mois plus tard, elle a accouché d’un garçon. Que devait-elle faire alors qu’elle était encore mariée ? Se débarrasser de son nouveau-né. Comment ? Après avoir mis son nouveau-né au monde, elle s’est rendue jusqu’à l’un des quartiers huppés de la ville de Casablanca, à savoir le quartier Californie, pour abandonner l’enfant dans la rue. Epiée par un veilleur de nuit, ce dernier a alerté la police. Une enquête a été diligentée. Et la jeune épouse et fille de joie a été arrêtée et traduite devant le tribunal. Après l’examen de son cas, elle a été condamnée à six mois de prison ferme.

Abderrafii ALOUMLIKI

Aujourdhui.ma

Commentaires