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Lahbib M’seffer)Paysages dans le ressassement

Pour sa peinture on dirait que Lahbib M’seffer s’était défendu toujours d’exposer individuellement. Presque toujours des expositions collectives depuis une toute première exposition en 1983 si l’on excepte une expo en 1987 aux Oudaya à Rabat et une exposition à la galerie al-Wacetey en 1994 à Casablanca.

Il dira toujours qu’il doit une fière chandelle à son initiateur à la peinture, le peintre Abdelkbir Rabi. Il se souvient toujours de ce peintre et se considère encore aujourd’hui comme son élève. Il croit à l’amitié, la loyauté et aux relations humaines. Il croit tout aussi fermement au travail assidu, chez lui assez nerveux, pour affiner la technique, lui donner une maîtrise, une maturité.

Bien qu’il eût toujours été pris par son activité professionnelle, il ne se considère pas pour autant comme “un peintre du dimanche”. Pour lui peindre était une activité complémentaire de l’activité professionnelle. Comme si elle en dépendait étroitement. Au point qu’il se demande avec inquiétude s’il peut peintre comme il le faisait, une fois libre de tout engagement professionnel. Or en ce mois de juin il part en retraite du moins pour son activité d’administrateur.

“Il me semble que ce qui est le plus intéressant et le plus exaltant c’est ce qu’on créé quand on est sous tension. Avoir du temps libre à satiété ça risque d’être stérilisant je le crains. Avoir tout son temps pour créer, je n’y crois pas. On a quelque chose ou on ne l’a pas quels que soient les circonstances” Quelle est donc cette peinture de paysage de M’seffer. Il semble qu’il s’agit d’une fête du regard avide de liberté de champ visuel. La relation avec la photo semble bien établie. Il y a donc une continuité avec l’activité de photo antérieure. Chaque tableau est une incursion vers les grands espaces. C’est vrai que l’une des impressions que peut susciter cette peinture c’est celle d’un d’anachronisme affiché. L’impression de l’élémentaire, de l’idyllique, de la muse champêtre des poètes bucoliques. D’ailleurs Khair-Eddine, fasciné par les paysages de M’seffer, un univers différent du sien tellurique et exubérant, écrira un article à la revue « Esprit » intitulé « M’seffer peintre bucolique ». Anachronisme parce qu’aucune saillie expressionniste ne semble surgir pour problématiser le rapport avec la mégapole à moins qu’il ne s’agisse des derniers travaux que le peintre appelle période rouge en rapport avec la guerre mondialisée depuis 2001. Là c’est le paysage détruit, une terre noire sous un nuage rouge de quoi réjouir les écologistes en guerre contre les destructions de l’environnement et la misère par le biais de la guerre.

Est-ce que cette peinture idyllique s’agence comme une confession indirecte pour la claustration où nous tient l’agglomération urbaine, otages entre les hauts murs des gratte-ciel, si bien que le regard désapprend à porter au loin ? Est-ce qu’elle nous sermonne sur la protection de la nature ? On est en droit de répondre par l’affirmative. Peinture de paysage, elle montre dans le ressassement, des plaines, parfois de collines, la terre avec ses couleurs, vert et ocre, sous le ciel forcément, dont le mouvement est souligné par une traînée de nuages. Parfois de marines aussi avec presque absence de l’homme à quelques rares exceptions ou alors dans une dimension infime comme dans la peinture extrême-orientale qui prône l’humilité de l’homme devant la beauté et l’immensité de la création et fait de la conscience nette et entière de beauté et immensité de l’univers le seul mérite de l’homme. Et sans cette conscience pleine et entière tout avenir ne peut être que compromis.

On n’oubliera pas le très beau texte de Mohammed Khair-Eddine “M’seffer vu par Khair-Eddine”, un texte pas du tout inattendu puisque bien des poètes ont été attiré par les peintres à les envier par ce qu’on pourrait appeler “l’immédiat, la plénitude du sensible” pour reprendre Ives Bonnefoy à propos de Poussin, Giacometti et Morandi.

Lahbib M’seffer prépare une exposition pour la rentrée.
S.Afoulous
source:lopinion

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